« La légèreté fournit à l’apprenti du métier d’Homme un outil bien précieux, une force inédite capable de dynamiter les hommes… », écrit Alexandre Jollien dans Le métier des hommes (2002). Alors… on danse ! À trois reprises, du 11 au 13 février dernier, dans un Opéra plein à la gorge, Gil Roman, détenteur d’une carte blanche proposée par Eric Vigié, le directeur des lieux, a offert un programme élaboré à l’enseigne du plaisir et du partage. D’un besoin affirmé de légèreté.
Présenté en ouverture de soirée par une compagnie de retour en pleine lumière, Alors on danse… !, nouvelle création du directeur artistique du BBL, se présente sous la forme de variations articulées autour de la technique classique, notamment le travail sur pointe qui a rythmé ses derniers mois de recherches chorégraphiques. Composé pour « le plaisir de danser », cet enchaînement de compositions exigeantes, chassés croisés amoureux d’une sensualité affirmée, offre aux danseuses et danseurs la matière pour exprimer le meilleur d’eux-mêmes. Ce plaisir de tous les sens, Gil Roman le dédie à Patrick Dupond, artiste iconique disparu l’an dernier, qui l’incarnait à chacune de ses apparitions sur scène. Et le public, qui a accueilli ce premier ballet par une formidable ovation, ne s’y est pas trompé.
Suivait Les Chaises, d’après Ionesco, ballet théâtral créé par Maurice Béjart en 1981 pour Laura Proença et lui-même - rôles popularisés ensuite par Marcia Haydée et John Neumeier. Après une première reprise saluée au Japon l’été dernier, la danseuse étoile de renommée internationale Alessandra Ferri et Gil Roman, deux artistes à l’acmé de leur art, reprenaient le costume de ce vieux couple pathétique et magnifique parvenu au terminus d’une vie aux fastes éteints. « Mourir, cela n’est rien, mais vieillir… » Les derniers rêves de ces vieillards adolescents perdus dans une île imaginaire, leurs derniers élans comme ces derniers pas esquissés avec une grâce aussi légère que poignante, ont bouleversé le théâtre.
En deuxième partie, à l’invitation de Gil Roman, Joost Vrouenraets, présentait Bye bye baby blackbird, création pour la compagnie. Cette seconde collaboration (après Ex Orbis en 2009) du chorégraphe néerlandais a fortement marqué les esprits. Signature chorégraphique originale portée par des compositions de Johnny Cash interprétées au plus près de l’os, « Bye bye… » est un dialogue intime d’ombres et de lumières. Questionnant l’impermanence, il tente par le mouvement d’anticiper et de restituer les échos de la présence (et de l’absence) physique, de témoigner de l’intensité des liens à l’approche du dernier envol…
Quelle plus belle conclusion à ce programme que L’Oiseau de Feu, dans une interprétation enflammée de Leroy Mokgatle ? Réglé par Maurice Béjart en 1970 sur la musique d’Igor Stravinsky, L’Oiseau de Feu n’est-il pas ce Phénix qui renaît de ses cendres, « l’Oiseau de vie et de joie, immortel, dont la splendeur et la force restent indestructibles, internissables »… Paroles de Maurice Béjart, merveilleusement portées par sa compagnie !
Le Béjart Ballet Lausanne tient également à remercier ses mécènes et ses partenaires.
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