Zaric le sculpteur traçant une histoire entre les lignes afin d’offrir autre chose à voir, Zaric le passeur libérant cette nouvelle matérialité a toujours dansé. Peut-être, sans doute, sans le savoir !
Mais a-t-il fait autre chose en poétisant l’espace ? En rendant visible la vie sur une scène débarrassée de son vaniteux théâtre et en communiant avec son mouvement portant à l’élévation. Toujours façonnés dans la terre matrice, toujours solidaires de leur socle de mémoire, ses êtres à tête d’âne ou de lapin, ses Homlions, ses Femlièvres, ses Taurhommes exhalent la grâce de l’envol. La première des magies ! La plus extatique.
Nikola l’ingénieur forestier à l’écoute des vibrations de la nature devenu Zaric l’artiste capable de la transcender est si proche encore de la danse lorsqu’il condense l’étendue de ses forces dans une même enveloppe charnelle. Le corps refuge. Le corps réceptacle. Le corps vecteur. De la Triennale de sculptures Bex&Arts au Jardin alpin de Champex, de la neutralité d’un bâtiment administratif au vertige des cimes à la cabane du Trient, le sculpteur lausannois infuse sa pesanteur dans le béton, y fossilise le vécu.
Alors… il était prêt pour la grande rencontre au chemin du Presbytère. Prêt pour le difficile baiser de la sculpture à la danse scellé par une série de bronzes. « J’aime me laisser aller sur de la musique, m’abandonner à un mouvement, mais surtout j’avais trouvé des points communs entre la formation classique qui est à la base de tout chez Béjart comme chez moi qui ai débuté aux beaux-arts à Genève avec le travail sur le corps d’après modèle.» Donc, bien sûr, prêt pour partir à la conquête des fulgurances comme de l’harmonie, mais c’est d’abord le trouble qui fait son oeuvre. Son carnet, mêlant la vie et les croquis, saisit la puissance d’expression et détaille son éventail avec une même ligne force: le mouvement. Même à l’arrêt ! Ce n’est donc pas un hasard si, au moment de se remémorer cette première bouffée, il glisse dans un lapsus révélateur: « Ces corps qui sculptent, cet état de présence permanente, ce flux perpétuel, c’était incroyablement fort. Tellement intense que j’ai dû danser, euh… dessiner. Mes émotions passent en premier par le dessin.»
Florence Millioud Henriques (24 heures)
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