Le photographe Matthieu Gafsou ne voit rien de «fulgurant» à son parcours, qu’il préfère qualifier de « tranquille ».
A 34 ans, le Lausannois, enseignant à l’ECAL, a pourtant déjà fait la preuve d’une ténacité souvent récompensée en affrontant des sujets ambitieux, qui sont autant de mondes en soi : l’architecture, les montagnes, le sacré, la drogue. Auteur de plusieurs ouvrages, publié cette année par le New York Times Magazine et exposé à l’Elysée de Lausanne comme au Musée d’art contemporain de Tolède, il apprécie les contraintes de cadres thématiques plutôt vastes. « Ma constante est le sacré, cette possibilité, ou non, de s’échapper du réel et du trivial. » Cet oeil exigeant se plaît à troubler la conjugaison de la rigueur technique et de la lucidité du regard à coups de détails intrigants, de compositions inattendues, de rythmes dans les approches d’un même thème. Une ligne tendue entre les contraires. « Je suis partagé entre le travail artistique et documentaire. J’aime doper cette dernière dimension en lui injectant de la forme. » Pour le Béjart Ballet Lausanne, cet amoureux d’un certain hiératisme photographique s’est encore une fois mis en danger en dialoguant avec cet art du mouvement par excellence qu’est la danse. « Le BBL est un monde à part et, plutôt que de tenter de saisir l’insaisissable – le mouvement, la durée, la vie – j’ai essayé de capter l’écho de ce monde. »
Boris Senff (24 heures)
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