Partout où il va, il emporte son thé, ses différents mélanges et… il partage. Il est comme ça, Lionel Henriod, partageur d’émotions. Passeur, mais aussi donneur ! Parler avec le photographe lausannois, c’est s’enrichir de son imprégnation de l’histoire d’un médium. L’ancien élève de l’École de photo de Vevey s’y reconnaît, il y inscrit et légitime sa liberté d’être une même sensibilité multipliant les traitements et les sujets. Les architectures. Les êtres. Les objets. Regarder ses images, c’est vivre pleinement l’instant qui fige le tumulte pour s’immerger dans un univers signifiant et infuser dans sa réalité, c’est l’art d’être présent au monde.
À 38 ans, Lionel Henriod l’avoue avec toute la sincérité d’un vent contraire, les réseaux sociaux et leur flux constant banalisant le pouvoir de l’image lui donnent le vertige, la nausée même. Alors, que ce soit pour le CIO aux JO de 2002, dans sa traversée de la Suisse des créateurs avec Christiane Nill – vue notamment au Festival Images 2016 à Vevey et à voir dans l’ouvrage Let’s Play – ou encore dans l’ombre de la mise en place d’un spectacle du Béjart Ballet Lausanne, il aime arrêter le regard et en a fait la force de l’œuvre d’un contemplatif. « Tout est portrait d’une présence », dit-il en souriant. Même l’espace, le vide, les silences. Surtout les silences.
Certains peintres ont chassé cette sérénité complice, ils en ont fait une respiration poétique, le rayonnement immatériel de l’esprit ou des choses. Sensiblement proche de sa nature, le photographe lausannois laisse vivre le silence. Tout simplement. Qu’il isole une esthétique architecturale de la profusion urbaine, une pomme de pin de son environnement naturel ou qu’il suspende le temps de Dixit dans sa spirale créative, Lionel Henriod sait recevoir les histoires, faire le vide, y ajouter les siennes. Au moment du déclenchement, tous les détails existent, la vie livre son essence.
Florence Millioud-Henriques (24 heures)
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