Léonore Baud ne connaissait pas grand-chose à la danse lorsque l’invitation à photographier le BBL lui a été faite. Mais au gré de son approche et de la confiance établie avec la compagnie, elle s’est métamorphosée elle-même en danseuse, changeant sans cesse de position, au plus près de l’action. C’était la découverte d’un nouvel univers, ainsi que la chance de déplacer sa quête esthétique sur un territoire inédit. Léonore Baud aime cet entre-deux, entre le réel et sa représentation, entre le document et son interprétation. Un décor se présente qu’elle s’intéresse aussitôt à son envers. Une lumière jaillit et voilà qu’elle considère l’ombre qui la borde, parfois l’absorbe. Une manière de douter de la fidélité de la photographie à la réalité. Et d’interroger ce que l’on voit. Sa série sur le BBL s’appelle Spectrum, comme l’ensemble des ondes lumineuses, visibles ou invisibles. Mais également comme les présences spectrales, ou fantomatiques, qu’elle traque sur les théâtres que peuvent être un chantier, un paysage, un studio de cinéma. Diplômée de l’Ecal en photographie et en cinéma, Léonore Baud mène son travail personnel en parallèle à l’enseignement des arts visuels au Gymnase du Bugnon, à Lausanne. L’occasion pour elle de partager son savoir et sa passion. Mais aussi de privilégier le contact humain. Un photographe est toujours seul. Encore davantage lorsqu’il ou elle dirige son regard vers un entre deux mondes visuel, juste en marge de la grande scène, attentif à ce qui se joue à côté des apparences.
Luc Debraine (L’Hebdo)
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