Catherine Bolle

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Catherine Bolle
Carte blanche

Deux fois par année, le Béjart Ballet Lausanne donne carte blanche à un artiste suisse pour la création d’un travail original inspiré par la compagnie en répétitions dans ses studios.

 

Carte Blanche à Catherine Bolle

Comme une fascination qui ne disait pas son nom, comme un rêve fleurissant à l’ombre des jeunes filles en fleur, l’attrait magnétique de Catherine Bolle pour la danse ne s’est jamais démenti. Enfant, la Vaudoise a aimé le ballet. Adulte, la plasticienne en pousse la porte en spectatrice assidue dès que l’occasion se présente. Alors… lorsque celles du Béjart Ballet se sont ouvertes avec, à la clé, une carte blanche à la dessinatrice, c’est un peu de l’histoire d’une continuité qui s’écrit. Un peu d’une envie jamais révélée dans une œuvre désindividualisée qui se concrétise. Un peu d’une explosion longtemps retenue qui jaillit. Là-haut… sur la galerie du Presbytère, l’artiste qui a habillé les façades du Swiss Tech Convention Center et de la Maison des étudiants à l’EPFL de ses ressentis chromatiques a perdu la notion du temps. Elle a dessiné. Obstinément. Obsessionnellement. Impulsivement. Retrouvant le même rythme que celui qu’elle imprime depuis des années à son journal gravé chroniquant les complexités du monde. Des jetés, des fulgurances, un mouvement à son apogée, un autre s’évanouissant devant le suivant. Des instants. Des gestes amples. « On en a envie, abonde-t-elle, on ressent cette nécessité de faire des grands gestes comme eux. L’intensité, la profusion étaient telles que j’ai dessiné pour les retenir. J’avais tellement peur de ne pas avoir le bon dessin, mais à un moment donné, j’ai bien dû me freiner, sinon j’en aurais 350 ! J’en ai finalement 160, c’est un peu comme le journal d’une répétition. Des bribes, donc des mouvements en suspension dans le temps. » L’équilibre, Catherine Bolle l’a toujours éprouvé. Elle l’a exploré. Elle l’a sondé jusque dans ses transparences. Mais jusqu’ici, elle l’avait surtout construit en architecte de l’espace. Cette fois, elle l’a saisi comme un liant entre les corps, comme un lien entre les êtres, comme un élément qui habite l’espace. Elle l’a fait, fidèle à une autre constante de son oeuvre de connaissances : l’appétence de l’interdisciplinarité. « L’accueil chaleureux a vite eu raison de ma timidité à l’idée d’entrer dans un nouveau domaine. Je n’étais plus seule pour créer. »

Florence Millioud-Henriques (24 heures)

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