Pour lui, subjugué par son côté solaire et sa grâce, Maurice Béjart a créé sa version de L’Oiseau de Feu de Stravinsky en 1970… Michaël Denard, 78 ans, est parti rejoindre ses pères, les Étoiles. Fils d’un Français et d’une Allemande, né à Dresde le 5 novembre 1944, ce « Prince de l’Opéra » de Paris a connu une carrière aussi fulgurante qu’éblouissante. Venu (tardivement) à la barre à l’âge de 18 ans, il en a 22 lorsque l’Opéra de Paris lui ouvre ses portes, 27 lorsqu’il est nommé étoile en 1971 alors qu’il dansait comme invité avec l’American Ballet Theatre… Il n’était encore « que » premier danseur quand, l’année précédente, Béjart lui confie, envoûté par son talent, un rôle-titre d’ordinaire réservé à une ballerine. La rencontre produit un feu d’artifice et propulse la carrière de Michaël Denard au firmament : « À la sortie de L’Oiseau de Feu, il a été accueilli comme une rock star », se souvient Brigitte Lefèvre, ancienne directrice de danse de l’institution française. Dès lors, ce danseur culte du répertoire romantique, artiste à la flamboyance incarnée, se produit avec les plus grandes ballerines d’un temps qu’il marquera toutefois d’une empreinte indélébile avec sa partenaire de prédilection, l’étoile Ghislaine Thesmar. Siegfried, Albrecht, Désiré… Confondant d’élégance, Michaël Denard a dansé tous les princes, chevelure d’or et corps ciselé. En 1989, il fait des adieux à la scène triomphaux pour réapparaître l’année suivante en récitant dans Ring um den Ring, rôle que Maurice Béjart a imaginé pour lui. La Dame aux Camélias de Neumeier le rappelle à Garnier en 2013 où il apparaît aux côtés d’Agnès Letestu, puis il endosse le rôle du père de Peau d’âne cinq ans plus tard à Marigny. Son ultime apparition publique.
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